Parfois, je meurs souvent. Certains jours, plusieurs fois. La vie, ensuite, est rude. J’aimerais avoir vécût sans petite mort. C’est sinistre, un peu. Un goût de terre à l’entrée, de boue. Des jours de pluie, poignards à flot.
Féeline.
Parfois, je meurs souvent. Certains jours, plusieurs fois. La vie, ensuite, est rude. J’aimerais avoir vécût sans petite mort. C’est sinistre, un peu. Un goût de terre à l’entrée, de boue. Des jours de pluie, poignards à flot.
Je veux plus. Sans terme. Baigner sur les hauteurs. Sauter sur les travers. Je veux, encore, davantage. M’étaler. M’étendre. M’enduire. Chercher l’ultime. N’être morte. L’exquis inachevé, vivre sans fond. Se vider. Définitive.
Suprême, être grande.
Même pas mal. La limite, c’est lorsque je m’en irai. Au jeu, je ne cèderai. Il est douloureux, le jeu, magnétique.
C’est devenu au dessus de mes forces. C’est comme si en partant loin, j’avais perdu ma puissance, ou seulement la possibilité de pouvoir supporter ça. Est-ce
un refus, nouvellement affirmé, d’être réduite à, presque, néant ? Est-ce un désir d’échapper, fort ?
Pourtant je reviens. Muselée encore. Arrimée, et assise. Je rentre, main tenue, dominée par les ravages. Je vis et je meurs. Saccagée.
L’odeur de la nuit me donne des idées. Je pense à cet état de moi, survoltée, révoltée et pourtant, épuisée. Comme une impression d’être un attentat à moi. Un désir de ruines. Un état de bruit. Un état d’alerte, limite. J’étouffe. Je suis une tâche à moi seule. Nuisible. Je pense à ma soif. A l’excès, jusqu’à être imbuvable. Je crie, je hurle, tapageuse. Je me vomis. Je me drogue, je me soigne, jusqu’à la vague, qui revient, qui me noie. Je suis criarde, de mauvais goût, rugissante. Je vocifère. Une épave.
Elle a pleuré. Je n’ai pas compris. Je leur ai parlé des chatons, de la campagne. Par provocation. S’ils ne voulaient pas porter leur fils jusqu’au bout, il aurait fallu faire comme ça. A sa naissance, le mettre dans un sac, avec une pierre. Le mettre dans l’eau. Et ça aurait prit fin. Elle s’est mise à pleurer. Il m’a regardé avec dégoût. Je les ai regardé, droite, dans les yeux.
Marcher, au bout, avec leur fils.
S’offrir un retour sur soi. Ne pas comprendre. Etre allée tellement loin, qu’au retour on ne connaît pas le sens des choses qu’on a faites. Qu’on ne fera plus. Etre allée tellement loin, marché rapidement, kilomètres parcourus, qu’on ne sillonnera jamais plus. S’offrir des regrets, se donner des remords. Avoir un passé qu’on a déjà, à peine peut être, dégueulé. Aller maintenant vers l’oublie, l’indolence. Allée maintenant, vers un futur où je me suis inconnue, personne anonyme. Je veux perdre. Tout.
Je ressemble à ma mère. Ca me fait peur. J’ai son abandon sur le coin de ma gueule. J’ai aussi tous ses sacrifices d’aujourd’hui. Elle se fait pardonner. Je n’ai rien demandé. De la culpabilité sur ma face.
J’ai des gestes de ma mère. J’ai sa folie. J’ai les hurlements de ma mère. De ma mère, j’ai l’absence de limites, les excès, le corps, l’âme qui se vend. J’ai pris ce qui faisait mal. Elle m’a donné ce qui faisait hurler, ma mère.
J’ai ça.
La vie, m’a rendue un peu bruyante. Ca dérange les gens normaux, ceux d’un fond sonore moyen. C’est l’habitude, l’excès, toujours de moi. On déraille, on dit
rien, on dit trop. Y’a des notes qui ne passent pas. Les notes d’après l’hiver, un peu tristes, un peu froides.
Vivre, ça m’a rendue différente, toujours excessive, entre le bruit, et le silence des coups.
Un jour, je sortirai peut être ce cri de chienne, terrible, qu’on abat.
J'ai sa puissance en bouche. Mordue de pouvoir, j'ai sa droiture, mâle, sous contrôle. J'ai sa jouissance, orale, la joie sous la langue. La débauche sur les lèvres, il vient comme un ressac, il est ivre, je suis grise, la rectitude me gorge, m'affole. J’erre, troublée, je rôde sur son plaisir. Je manipule sa jouissance, joue de ses sens, danse, presque lascive sur sa raideur.
J’ai le mâle, dans ma bouche. Nous sommes soûls.